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Servir : l’exemplarité des commandos marine morts au combat

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Une communauté militaire en deuil, une communauté nationale en communion avec son Armée mais révoltée, c’est ce qu’il faut retenir des cérémonies d’hommage de cette semaine aux Invalides et en France (Cf. LCI) pour les Premiers Maîtres Cédric de Pierrepont et Alain Bertoncello (Cf. Ouest-France, leurs biographies exemplaires).

Une émotion partagée et nationale

Que de monde, que d’émotions, que de peines ce 14 mai dans la cour des Invalides pour cette cérémonie militaire, digne, impressionnante à l’image des guerriers que la France a perdus mais aussi quelle réprobation contenue contre ce couple irresponsable en voyage de noce dans une zone dangereuse pourtant déconseillée (Cf. Le Figaro du 10 mai).

Emmanuel Macron, chef des armées, a accueilli les ex-otages à Villacoublay. Le fallait-il ? Le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères n’aurait-il pas suffi ? Un président de la République et deux ministres, c’était accorder bien trop d’honneurs à l’irresponsabilité.

Le général CEMA avait montré son émotion terriblement humaine (Cf. FranceTvInfo) au nom de nous tous lors de ce point de presse du 10 mai qui faisait le bilan de cette opération de libération des otages notamment français. La mission avait été remplie avec succès. Il fallait délivrer ce couple d’otages et cela a été fait.

Cet engagement ultime de nos commandos rappelle que les soldats remplissent la « mission » donnée avec abnégation, avec le souci de l’efficacité mais aussi avec celui du moindre coût humain possible pour des otages à délivrer.

Les Français ne s’y sont pas trompés en témoignant de leur respect par cette haie d’honneur devant les Invalides ce 14 mai.

La dette des ex-otages

Ce couple d’ex-otages s’est excusé, certes peu vigoureusement. Cela était sans aucun doute la moindre des choses. Ils ne sont pas quittes de leur dette pour autant. Ces Français sont en vie grâce au sacrifice de deux autres vies.

Aussi, comment ces ex-otages peuvent-ils rembourser cette dette qui vaut jusqu’à la fin de leur vie terrestre au moins ? Dette envers la société, dette envers les proches des commandos tués, dette envers les Premiers Maitres Cédric de Pierrepont et Alain Bertoncello.

Ils ont désormais à assumer un devoir de mémoire et de reconnaissance pour se rappeler, année après année, qu’ils sont en vie grâce à ce don de la vie de ces deux soldats d’exception, pour rappeler aussi le sens des responsabilités dont chacun d’entre nous doit faire preuve.

Que pourraient-ils faire ?

  • D’abord être présents le 11 novembre 2019. La France commémore ce jour tous les soldats tués notamment en OPEX (Cf. Mon billet du 10 novembre 2013. « 11 novembre : la guerre en mémoire») ;
  • Ensuite, agir pour qu’une rue dans leur commune de résidence porte les noms des deux commandos ;
  • Proposer une cérémonie du souvenir, sinon posée une plaque commémorative dans l’établissement où enseigne au moins l’un d’entre eux ;
  • Témoigner sur le sens des responsabilités du citoyen auprès des élèves sinon des enseignants qu’ils côtoient.

Enfin, peut-on se contenter d’une simple condamnation morale pour ce couple irresponsable ?

Certes comme le disait la compagne de l’un des commandos tués, cette situation se pose aussi en montagne quand il faut secourir des personnes skiant en hors-piste et ensevelies sous une avalanche. Des sauveteurs se mettront souvent en danger pour les secourir. Pour autant, dans une société où l’on ne cesse de porter plainte contre toute erreur de l’Etat, de ses forces de sécurité, l’Etat ne doit-il pas demander aussi réparation, au moins à titre d’exemple, pour la perte de soldats d’élite, ressource humaine rare, entraînés couteusement, au capital d’expérience malheureusement sans prix ?

Certes, le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères puis le président de la République ont déclaré que la France ne laissait et ne laisserait aucun de ses enfants en danger. Ces politiques ont ressenti ce sentiment d’injustice partagé par de nombreux Français. Un sondage en ligne du Figaro l’exprimait dès le 11 mai : 74% des réponses considéraient que les otages n’auraient pas dû être secourus en raison de leur irresponsabilité.

Sensibiliser au sens des responsabilités dans un monde de plus en plus hostile

Il faut donc éduquer et sensibiliser aux dangers de ce monde et en particulier du terrorisme islamique. Il suffit de se rappeler l’exemple de ces deux journalistes pris en otage par les talibans en Afghanistan et libérés en 2011 après 547 jours. La menace n’est donc pas nouvelle mais cela n’a pas l’air de faire réfléchir aujourd’hui une partie de nos concitoyens.

Depuis plusieurs années, j’enseigne les questions de défense dans le cadre d’un master dédié aux étudiants souhaitant rejoindre des ONG. Face à des jeunes bien moins dogmatiques que leurs aînés dans leurs relations avec les armées, je tâche de les sensibiliser aux dangers qu’ils pourraient rencontrer dans leur vie future, par exemple à la possibilité d’être pris en otage même si cela leur semble bien irréel …

Il y a un mois, justement une mes étudiantes me demandait si les militaires viendraient la chercher si elle était prise en otage. J’avais cité en préalable ce devoir de responsabilité qu’elle avait comme ses camarades dans une zone d’insécurité. Par un comportement peu réfléchi, elle pourrait mettre en danger la vie de ces soldats qui tenterait de la délivrer … si les conditions le permettaient.

Je rappelais donc qu’il fallait prendre contact d’abord avec son ambassade sur place, respecter ses consignes sans oublier de s’inscrire sur le système Ariane (Cf. Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères). Enfin, si des militaires français étaient présents, il fallait se présenter sans crainte à eux. Je leur ai donnés les clés de la prise de contact ! Je pense les avoir convaincus et ce qui s’est passé au nord du Burkina Faso a rappelé que la mission des armées, des soldats est bien de protéger les Français partout où ils se trouvent.

Ces héros que nos enfants doivent connaître

A juste titre, les termes de « mission » comme de « héros » ont été largement utilisés dans le magnifique discours du président de la République de ce 14 mai (Cf. Discours d’E.Macron). Complémentaire, le général Dary, président du Comité de la Flamme et président de la saint-cyrienne, a évoqué avec justesse la différence entre les victimes qui appellent la compassion et ces héros bien méconnus en ces périodes où la victimisation est bien souvent de rigueur (Cf. Le Figaro du 14 mai 2019).

Rappelons-nous donc ces soldats devenus des héros du fait de leur mort exemplaire : le 24 mars 2018, le colonel Beltrame, le 2 avril 2019, le médecin-capitaine Marc Laycuras tué par une mine au Mali, le 10 mai 2019, les Premiers Maîtres Cédric de Pierrepont et Alain Bertoncello, ces deux commandos d’élite tués au combat.

Ces exemples d’engagement total au service de la mission et au service des autres devraient s’intégrer dans l’instruction de nos enfants dans nos écoles, par exemple dans l’instruction civique. Cela ne tient qu’aux enseignants de permettre ce devoir de mémoire et de reconnaissance, sinon aux parents de le demander.

Le héros est nécessaire pour servir d’exemple aux jeunes générations et rappeler aussi aux générations plus anciennes qu’il existe toujours (Cf. Mon billet du 24 avril 2018, « Le héros militaire au XXIe siècle » et le contre-point, mon billet du 17 janvier 2016 « Le salafiste n’est pas un héros »)

Pour conclure

Cependant, sacrifier des hommes d’exception pour des Français irresponsables sera toujours un prix trop élevé même s’il faut l’accepter au nom de l’engagement au service de la France.


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